En cette période comportant de nombreuses incertitudes (économique, politique, climatique), les entreprises s’interrogent de plus en plus sur leur santé et leurs perspectives. Voici quelques clés de lecture pour savoir si une entreprise est en difficulté.
Les défis auxquels un entrepreneur est confronté peuvent être variés, mais ils relèvent souvent de trois domaines : humain, opérationnel et financier. Examinons de manière objective quatre indicateurs clés révélateurs.
1. L’état de la trésorerie
La trésorerie sera le principal indicateur de la santé d’une entreprise : c’est le baromètre le plus fiable. En effet si l’entreprise rencontre des difficultés à payer ses dépenses courantes ou à investir, cela peut avoir un très fort impact sur l’activité de l’entreprise.
Il faudra alors se poser des questions sur les raisons de cette situation : est-ce un souci passager lié à la saisonnalité de l’activité ? Un souci ponctuel lié à une erreur dans la gestion des stocks ou à des délais clients trop longs ? Un besoin de trésorerie accru lié à une phase de croissance importante ? Une situation plus globale et durable ?
Selon la réponse, les actions à mener seront différentes : si c’est une situation précise et ponctuelle, une solution immédiate pourra être trouvée avec les partenaires bancaires notamment. Par contre si la situation est plus complexe, il sera important de prendre du recul sur toutes les raisons et de réagir avant le défaut de paiement qui pourrait aboutir à une procédure judiciaire.
2. La baisse du chiffre d’affaires
La baisse du chiffre d’affaires est également un indicateur de difficulté. Si l’entreprise n’a pas de difficulté de trésorerie cela peut être lié à ses réserves mais une diminution du chiffre d’affaires peut présager de difficultés à venir.
Dans ce cas les interrogations serviront à savoir quelle est la raison de cette situation : est-ce lié à la perte d’un gros client ? à l’apparition de nouveaux concurrents ? à la diminution d’un marché ? à une réputation moins bonne ? Il sera nécessaire d’être très objectif dans ce cas car les réponses donneront les clés des actions correctives possibles.
3. La hausse des dépenses
Si les dépenses de l’entreprise augmentent fortement sans lien avec une hausse de l’activité, il y aura forcément une baisse de la rentabilité de l’entreprise.
Il sera alors important d’identifier les postes de dépenses en hausse et les raisons associées pour définir les actions possibles. La première question sera : est-ce une dépense variable en fonction de mon activité ou une dépense fixe ?
En fonction de la réponse à cette première question, il y aura des interrogations complémentaires.
Si c’est un cout variable qui a augmenté, est-ce lié à l’inflation, à des matières premières plus rares, à des fournisseurs différents, à des changements de process interne ? Est-ce possible de répercuter en partie sur la facturation aux clients ?
Si c’est un cout fixe qui a augmenté, est-ce possible de le diminuer à nouveau ? Si ce sont des dépenses d’entretien ou des loyers, est-ce nécessaire de garder tout ce matériel ou ces locaux ? Si c’est l’équipe salariée, le sujet est plus difficile mais il faudra quand même se poser la question du besoin réel de l’entreprise : est-ce que tous les postes actuels sont nécessaires dans ma configuration de crise ? Le taux d’occupation et d’efficacité du personnel est-il bon ?
4. L’endettement de l’entreprise
Lors de premières difficultés ou de phases d’évolution de l’entreprise, le recours aux crédits est une des premières solutions envisagées. Mais la gestion du ratio d’endettement est très importante pour ne pas créer de difficultés supplémentaires.
Si les dettes de l’entreprise sont trop importantes et ne peuvent plus être remboursées, il faudra les lister en classant les types de dettes : est-ce que ce sont des prêts à court terme ? des emprunts pour du métier ? Puis il faudra voir quelles sont celles qui peuvent être renégociées, étalées, …
Si tout le questionnement soulevé ici peut sembler logique et évident, il sera toujours difficile dans les situations de crise de se poser objectivement sur la situation et de trouver des solutions efficaces. Vous aurez alors intérêt à avoir un appui qui vous apportera un regard extérieur sur la situation que ce soit vos conseillers habituels ou le tribunal si la situation devient trop dégradée avec les différentes procédures existantes (mandat ad-hoc, conciliation, sauvegarde, redressement judiciaire, …).
L’important est de ne pas trop attendre car plus la situation est détectée tôt, plus les actions possibles pour la corriger sont nombreuses.
Anaïs Troton, Conseillère Cerfrance